For years now I have been working in series, groups of photographs, whose meaning for me as well as for the viewer should exceed the sum of the meaning of each photograph. Each image works there as a letter works in a word, a word in a sentence, a paragraph, a chapter, or a short-story. A tremendous part of the final work results from the editing and the sequencing of photographs. The process makes me spend extended periods of time with my images, physically and mentally. It becomes a very introspective process as "I am the very matter of my work" (Montaigne). The time spent in the presence of one's images also creates a strange relationship where distance and depth grow. The distance is the one that is accomplished when one steps back from the object of their focus, it is a contemplative distance, one that allows connections, associations, and meaning to emerge.

Robert Adams wrote that photographs, especially landscape photographs offered us "three verities: geography, biography, metaphor. Geography is, if taken alone, sometimes boring, autobiography is frequently trivial, and metaphor can be tedious. But taken together [...] the three kinds of information st
rengthen each other and reinforce what we all work to keep intact: an affection for life." (Beauty in Photography, p.14).


Cela fait des années maintenant que je travaille en « séries », que j'organise mes images en groupes dont le sens global est sensé être supérieur à la somme du sens des photographies le constituant, ce tant pour le photographe que le spectateur. Chaque image fonctionne dans une série comme une lettre, un son fonctionne dans un mot, un mot dans une phrase, un paragraphe dans une lettre ou même une nouvelle. Le procédé de sélection et de mise en « série » des images est déterminant pour que le travail final présente richesse, impact, évolution narrative (ou non), profondeur et sens. Pour ce faire il est primordial de passer par ce stade de distanciation, d’introspection, et de contemplation qui constitue chaque fois une étape dans la compréhension de sa propre œuvre, de sa façon de travailler, de soi. Il laisse le temps au sens de lentement émerger, aux métaphores de se révéler.

Dans son petit opuscule, La Beauté en Photographie, le photographe américain Robert Adams émet la proposition suivante au sujet de la photographie de paysage, proposition que l’on peut également appliquer à la photographie artistique dans son ensemble :

« La photographie de paysage nous offre trois domaines de lecture : l’un est géographique, le second est autobiographique, le dernier métaphorique. Le géographique pris isolément peut être parfois ennuyant, l’autobiographique est souvent trivial, et le métaphorique peut être d’une douloureuse lourdeur. Mais pris ensemble […] ces trois types d’information se renforcent mutuellement et participent de ce que nous cherchons à préserver : l’envie de vivre et de célébrer la vie. »